Mardi 24 novembre, le député Raphaël Schellenberger a interrogé la Ministre de la transition écologique sur la politique énergétique, lors de la séance des Questions au Gouvernement.
M. Raphaël Schellenberger. Madame la ministre de la transition écologique, jeudi dernier, vous avez annoncé avec une légèreté déconcertante sur une chaîne d’information que, cet hiver, il faudrait couper l’électricité aux Français.
Après avoir fait broyer du noir au Français en leur imposant une écologie punitive, voilà que vous allez les plonger dans le noir avec vos choix énergétiques. Pourquoi n’avez-vous pas anticipé un risque sur lequel les spécialistes vous ont alertée depuis longtemps ?
Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Malgré la situation de vigilance due aux conséquences du premier confinement, il n’y aura pas de black-out et les Français seront alimentés en électricité : nous sommes bien organisés. J’espère, monsieur le député, que vous êtes complètement rassuré.
M. Raphaël Schellenberger. Madame la ministre, le 27 février dernier, alors qu’un ingénieur vous alertait sur le risque de coupures d’électricité, votre seule réaction a été : « On est sur du lourd ! ». Vous nous dites à l’instant que cette configuration est classique l’hiver. Pourtant, jamais le niveau d’alerte n’a été aussi élevé que cet hiver…
Et pour les deux hivers qui viennent : on est sur du lourd ! Vous nous dites que les mesures de délestage sont maîtrisées et limitées, mais en réalité elles affaiblissent l’industrie et vont détruire des milliers d’emplois : là aussi, on est sur du lourd ! Vous nous dites que cela démontre la dépendance de la France au nucléaire, pourtant c’est le photovoltaïque et l’éolien, absents en hiver, qui déséquilibrent le réseau. Résultat : jamais depuis longtemps les centrales à charbon n’ont pollué autant que cette année : on est sur du lourd !
Vous nous dites que c’est à cause de la covid, mais c’est vous qui n’avez pas ajusté votre stratégie au printemps, quand EDF vous proposait de prolonger le second réacteur de Fessenheim : on est sur du lourd ! Vous nous dites que la politique énergétique du Gouvernement n’y est pour rien, pourtant c’est vous qui avez décidé de supprimer les 1,8 gigawatt du centre nucléaire de production d’électricité – CNPE – de Fessenheim… qui sont exactement la marge de manœuvre qui nous manque aujourd’hui : on est sur du lourd !
Aujourd’hui, madame la ministre, vous demandez encore une fois aux Français de faire des efforts et vous les désignez comme les responsables, alors que les fautifs, c’est vous, et que c’est votre faute politique énergétique : là aussi, on est sur du lourd !
Mme Barbara Pompili, ministre. Ce qui me choque, monsieur le député, c’est de voir que des politiques qui sont informés alimentent l’idée que nous faisons face à une situation de vigilance cet hiver à cause de la fermeture de Fessenheim. Car c’est juste mentir aux Français, et c’est refuser et empêcher un débat rationnel sur notre politique énergétique.
Je rappelle que la situation est simple : nous avons eu un premier confinement qui a empêché et repoussé à une date ultérieure certaines opérations de maintenance sur des centrales nucléaires, ce qui fait que nous avons aujourd’hui des réacteurs arrêtés alors qu’ils devraient être en train de fonctionner.
À l’heure actuelle, un quart de nos cinquante-huit réacteurs sont arrêtés : ce ne sont donc pas seulement deux réacteurs de Fessenheim, mais cinq à dix réacteurs par semaine de plus que d’habitude qui sont arrêtés. C’est là que réside le problème et c’est pour cela que nous devons faire attention à notre production d’électricité.
Une politique énergétique, ça ne se fait pas sur un coin de table, monsieur le député…
M. Raphaël Schellenberger. C’est ce que vous faites !
Mme Barbara Pompili, ministre. …cela fait des années que nous prévoyons une programmation pluriannuelle de l’énergie, que nous investissons massivement pour le développement du renouvelable, que nous permettons des économies d’électricité en rénovant le parc des bâtiments. Enfin, je dois rétablir une vérité : aujourd’hui, nos centrales à charbon fonctionnent dix fois moins qu’entre 2015 et 2018. C’est ça, la réalité !
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