16 OCTOBRE 2025
Ce matin, j’ai choisi de ne voter aucune des motions de censure déposées par La France Insoumise ou le Rassemblement National. Ce choix politique, je l’assume pleinement, parce qu’il répond à une exigence : celle de servir la France, pas d’alimenter le vacarme politique.
Ces dernières heures, les réseaux sociaux, largement alimentés par les militants des partis politiques ayant déposé ces motions et repris par les médias, ont transformé le débat en caricature. Dans cette situation, ma responsabilité de parlementaire m’oblige à garder calme, sérénité et à vous expliquer mon choix. Nous ne sortirons pas de la crise en cédant aux bas instincts. Il nous faut au contraire replacer ces votes dans leur contexte et essayer de prendre de la hauteur pour dégager la meilleure solution possible pour la France et les Français au milieu de cette crise politique.
Le problème c’est le Président de la République, davantage que le gouvernement
La personnalité du Président de la République est devenue un véritable problème pour la France. Notre pays est gouverné par un homme isolé, coupé du pays, et désormais incapable de rassembler la Nation. Censurer le gouvernement actuel ne résoudra en rien la crise politique qui dépasse largement le seul exécutif.
Je ne le répéterai jamais assez : depuis 2017, je suis un opposant résolu à Emmanuel Macron. Constant dans mes convictions, déterminé dans mes combats, précis dans mes critiques. Son départ est, à mes yeux, devenu une condition nécessaire pour redresser notre pays et reconstruire une véritable offre politique. Une offre qui redonne aux Français le choix et nous replace dans une logique démocratique.
En attendant, la meilleure opposition au Président de la République c’est de penser d’abord à la France et aux Français.
La France a besoin d’un budget pour avancer
Penser à la France aujourd’hui, c’est, en tant que parlementaire, tout faire pour lui donner un budget. Ne pas le faire, ce serait détruire plusieurs dizaines de milliards d’euros de création de richesse, celle-là même sur laquelle repose notre impôt.
Pas de budget, c’est moins de PIB. Moins de PIB, c’est moins de recettes pour l’État. Moins de recettes pour l’État, c’est plus de déficit. C’est aussi simple et aussi grave que cela.
Ce budget n’est pas parfait, personne ne le prétend. Il n’est pas non plus définitif. Comme tout projet de loi, il doit d’abord être débattu et amendé par le parlement. Il peut encore beaucoup changer. Mais il est aujourd’hui plus urgent de disposer d’un budget que de s’enliser dans des batailles sur des réformes, même structurelles. L’instabilité politique et l’imprévisibilité budgétaire font désormais plus de mal à notre économie que bien des dépenses discutables.
La réforme des retraites est un faux prétexte
Depuis 48 heures, beaucoup ont voulu ramener le débat sur le vote des motions de censure à la réforme des retraites. Je veux ici être très clair : ce n’était pas la question qui nous était posée.
Pour certains, ce glissement est d’ailleurs bien commode. Voter une motion de censure maintenant, c’est s’éviter de devoir débattre de cette réforme dans le cadre des budgets. Le Rassemblement National y trouve un intérêt évident : censurer aujourd’hui, c’est lui permettre de masquer ses propres contradictions sur le fond.
C’est, pour le parti de Marine Le Pen, une façon habile de contourner le débat de fond sur les retraites, et de ne pas exposer ses divisions internes sur un sujet sensible pour chaque français.
Pour ma part, je veux rappeler que j’ai voté la censure du gouvernement d’Élisabeth Borne pour m’opposer à cette réforme des retraites. Pourquoi ? Parce qu’elle crée une injustice évidente pour celles et ceux qui ont commencé à travailler plus tôt. Parce qu’une telle réforme, alors que l’Assemblée nationale n’avait déjà plus qu’une majorité relative depuis 2022, ne pouvait décemment pas être imposée par le recours à l’article 49 alinéa 3 de notre Constitution.
Je m’y suis opposé en 2022, avec quelques autres députés LR. Je n’ai pas changé d’avis, et je n’ai pas l’intention de le faire aujourd’hui.
On peut vouloir mieux gérer, réduire la dépense publique et alléger la pression fiscale sans créer d’injustices supplémentaires. C’est tout le sens de mon engagement politique. Et je crois l’avoir démontré, à la fois dans mon action nationale et dans l’exercice de mes responsabilités exécutives, notamment locales.
Faire le travail du compromis
Les prochaines semaines conduiront à un apprentissage douloureux : celui du compromis. C’est pourtant exactement ce que les Français nous ont demandé en 2024, en composant une Assemblée nationale sans aucune majorité absolue.
Travailler ensemble, cela suppose que chacun accepte de faire un pas, même lorsque ce pas est difficile et que les convictions divergent. La langue française est limpide : construire un compromis, ce n’est pas se compromettre, c’est faire un pas vers l’intérêt général, c’est faire un pas pour la France.
La France a besoin de temps et d’apaisement
Ce dont nous avons besoin, c’est de temps. Du temps pour construire un projet d’avenir solide, crédible, capable de redresser la nation, de redonner du sens et de rétablir une forme de confiance politique.
Il nous faut d’urgence un budget de compromis qui permette d’ouvrir une période apaisée et d’aller vers une élection présidentielle sereine. Une élection qui soit le moment d’un véritable débat de société et de choix assumés par les Français, et, le moment venu, d’une dissolution.
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