Raphaël Schellenberger s’est associé à son collègue député de l’Aisne Julien DIVE en cosignant sa proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur les origines de l’inflation 2022-2023 en alimentation et en biens de consommation courante.
Comme il est indiqué dans l’exposé des motifs de la proposition, après une longue période de faible inflation, la hausse des prix marque un tournant dans le changement de cycle économique. Depuis 2015, l’inflation avait été en moyenne inférieure à +2 % et était descendue à +0,5 % en France en 2020 en raison de la pandémie de Covid‑19. Après cette phase de ralentissement, l’économie française a repris et s’est expliquée avant tout par un franc rebond de la demande intérieure lié à la réouverture des secteurs entravés (augmentation de la consommation des ménages, notamment hors‑domicile, utilisation de l’épargne accumulée pendant la crise, etc…).
Aujourd’hui, à titre d’exemple, les plus fortes hausses sont à mettre à l’actif du paquet de sucre premier prix (+ 81 %), de l’huile de tournesol premier prix (+ 79 %), du riz basmati (+ 47 %) ou des chips (+ 44 %).
Les aléas climatiques sont aussi l’une des autres causes identifiées entrainant de mauvaises récoltes comme une sécheresse en Inde ou dans l’Ouest du Canada qui a touché des productions de colza et de blé dur. La production française a également été affectée par la grippe aviaire, en particulier la filière volaille qui a dû abattre des millions de volailles pour lutter contre l’expansion de cette crise sanitaire.
Ce changement économique résulte enfin d’une autre cause qui a bouleversé les relations géopolitiques mondiales : la guerre en Ukraine. Elle a amplifié les chocs d’offres et a donc perturbé les marchés internationaux de matières premières énergétiques et agricoles.
Face à la flambée des prix, les Français modifient leur panier d’achat : moins de viande et de poissons frais, ils se tournent vers des marques moins chères et davantage de plats préparés. L’inflation oblige le consommateur à limiter ses achats et à faire des arbitrages : les produits dont le prix est supérieur à 3€ sont ceux qui souffrent le plus, comprenant alors les produits d’hygiène ou d’entretien. Les victimes seraient également les produits issus de l’agriculture biologique et d’appellation d’origine contrôlée. Comparé à la même période en 2022, les trois premières semaines de mars 2023 ont montré une baisse des volumes de produits de grande consommation de 4,1 %. En conséquence, les Resto du Coeurs connaissent une hausse de fréquentation de +22%, et les territoires ultra-marins ne sont pas non plus épargnés. L’inflation s’y appliquant sur des produits déjà chers à la base, la pauvreté augmente sensiblement. Autres victimes collatérales : les agriculteurs qui doivent faire face à l’envolée du prix des intrants (alimentation animale, engrais, machines…).
Même si certains facteurs de cette inflation galopante sont identifiés, il existe également des négociations commerciales entre acteurs agroalimentaires qui déterminent les prix affichés dans les grandes surfaces. Tous les ans, entre décembre et mars, ces négociations fixent le prix d’une majorité de produits vendus dans les grandes surfaces alimentaires et ont donc des conséquences très directes sur le panier de course des Français. C’est le 1er mars 2023, à minuit, que les négociations commerciales se sont achevées entre les fournisseurs de l’agro‑industrie et les grandes surfaces ; ces échanges ont été particulièrement tendus en raison de la hausse des coûts de production comme l’énergie mais aussi des emballages, du carton, du transport et de la main d’œuvre. En 2022, les distributeurs et industriels commençaient déjà à animer les débats sur l’inflation alimentaire en négociant des hausses de tarifs de 3,5 %. Au fur et à mesure des semaines, le curseur n’a cessé d’augmenter dans les grandes surfaces ; une hausse importante du prix du panier de course qui n’est pas sans conséquence sur le pouvoir d’achat des Français.
La Commission d’enquête sera donc chargée de lever le voile sur ces négociations pour ainsi assurer davantage de transparence entre les acteurs du secteur agroalimentaire.
De façon générale, cette commission cherchera à analyser toutes les origines de cette inflation galopante qui fragilise le pouvoir d’achat des Français et elle étudiera les mécanismes qui ont concouru à une hausse inexorable des prix de l’alimentation et des biens de consommation courante des années 2022 et 2023.
Elle formulera des propositions objectives et durables pour remédier à cette situation et ainsi permettre que l’augmentation des prix alimentaires et des biens soient proportionnés aux coûts subis par chacun des maillons de la chaîne des acteurs concernés.
Pour découvrir ce texte : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1100_proposition-resolution
Suivez-moi sur les réseaux sociaux